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Vu la violence des précipitations, il est difficile de savoir si le bilan aurait été moins lourd. Mais, quatorze jours après les inondations qui ont fait 222 morts et des dizaines de disparus, selon les dernières estimations, les habitants de la région de Valence, en Espagne, se posent toujours une question : pourquoi le message d’alerte de la sécurité civile n’a-t-il été reçu sur les téléphones portables qu’à 20 h 12, le 29 octobre, alors que de nombreuses personnes étaient déjà piégées ou emportées par la montée des eaux ?
« Nous ne faisons que transmettre ce que la météorologie nous dit. Les experts techniques réagissent et lancent des alertes en conséquence », s’est défendu Carlos Mazon, le président de la communauté autonome valencienne, le 31 octobre. Et il a rappelé que les prévisions météorologiques avaient fluctué tout au long de cette journée du 29 octobre avant de virer clairement au rouge, décidant les autorités locales à envoyer le message de précaution.
Comme exigé par une directive européenne de décembre 2018, l’Espagne s’est équipée, en juin 2022, d’un système d’alerte national, ES-Alert, pour prévenir les populations d’un danger (incendie, tempête, crue, attaque terroriste, accident industriel…) en envoyant un message sur les téléphones portables des personnes situées dans une zone précise.
De nombreux tests ont été réalisés dans les différentes régions et le service a été activé une première fois dans des conditions réelles, en septembre 2023, à Madrid, pour prévenir de fortes pluies. Mais celles-ci s’étaient abattues plus à l’ouest, ce qui avait provoqué une controverse sur la fiabilité des prévisions de l’agence de météorologie Aemet et le mauvais usage d’ES-Alert.
Les autorités de Valence se sont-elles montrées trop prudentes ? Le message envoyé dans la soirée du 29 octobre demandant à la population, « par mesure préventive », de ne pas se déplacer « dans la province de Valence, afin d’éviter l’effondrement des routes », était-il suffisamment explicite ? Les alertes « ne peuvent pas être lancées n’importe comment. Elles touchent des milliers de personnes et une mauvaise manipulation de ces informations peut engendrer l’effet inverse de celui recherché », a justifié José Miguel Basset, le chef des pompiers de Valence, deux jours après les inondations. La crainte est que le message ne crée un mouvement de panique qui s’ajoute au danger identifié.
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